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Épuiser le travail immatériel dans la performance
Édition conjointe du journal de TkH et du Journal des Laboratoires

TkH : Journal for Performing Arts Theory est une publication indépendante traitant des arts performatifs contemporains et de leurs théories critiques. Chaque numéro est organisé autour d’un thème principal – un concept théorique, ou une question artistico-théorique. Plus de détails et la plupart des numéros sont sur le site : www.tkh-generator.net/en/casopis. Le prochain numéro du journal de TkH traite des productions immatérielles et des conditions de travail dans le spectacle vivant contemporain. Il s’agit d’un numéro commun avec le Journal des Laboratoires, dont le but n'est pas seulement de thématiser le sujet du travail, mais aussi de proposer, examiner et questionner ses propres processus de travail. Par conséquent, le processus tout entier de ce travail d’édition est devenu un travail expérimental et collectif rassemblant deux équipes mobiles basées à Belgrade et Paris. Le travail d’édition a été rendu public, et a donné lieu à une série de présentations et discussions autour des contributions écrites, avant qu’elles ne soient intégrées au journal. Ces sessions se sont déroulées en français en anglais. Les textes produits lors des sessions, ainsi que les textes de références, sont publiés sur un blog tenu par les membres de TkH - Walking Theory: http://www.howtodothingsbytheory.info/

Les sessions publiques se sont déroulées les 21 mai, 16 et 23 juin aux Laboratoires d'Aubervilliers, et le numéro a étéimprimé à l'automne 2010 en trois éditions (serbe, anglais, français). Une soirée de lancement a eu lieu le 21 octobre aux Laboratoires. En savoir plus ici.

Sommaire du journal

Épuiser le travail immatériel (Bojana Cvejić et Ana Vujanović)
Editing a(s) Publica(c)tion (Bojan Djordjev)
Conversation avec Maurizio Lazzarato
L’immatériel en tant que matériel (Akseli Virtanen)
Pronostic sur la collaboration (Bojana Kunst)
1 pauvre et un 0 (BADco.)
De la fatigue (Siniša Ilić)
Labour&Leisure: L’artiste (ne) travaille (pas)
(Branka Ćurčić, Kristijan Lukić et Gordana Nikolić)
L’art et le travail (Marko Kostanić)
Everybodys est à tout le monde (Alice Chauchat, Mette Ingvartsen, Krõõt Juurak et Petra Sabisch)
La pratique d’Everybodys (Petra Sabisch)
Pourquoi est-ce de l’art? (WochenKlausur)
La pratique de la théorie : des effets matériels du travail « immatériel » (Dušan Grlja)
The Curators’ Piece (Petra Zanki et Tea Tupajić)
Notes sur la division du travail (Florian Schneider)
Le droit face à la dématérialisation de l’oeuvre d’art (Judith Ickowicz)
Quand l’Art devient l’entreprise (Vanessa Théodoropoulou)
Hybris Konstproduktion (Virginie Bobin)
Veuillez déranger – renégociations en cours (Anders Jacobson)
Le masochisme de la forme marchandise : le porno queer et l’art subtil du paradoxe (Mattéo Pasquinelli)

Comment re-matérialiser le travail immatériel ?
par TkH - Walking Theory

TkH Journal for Theory of Performing Arts et le Journal des Laboratoires préparent un numéro conjoint sur le travail immatériel dans les arts de la scène. Le sujet du travail immatériel a été abondamment discuté dans le champ de la théorie politique par les penseurs italiens du post-opéraïsme comme Toni Negri, Paolo Virno, Maurizio Lazzarato, et désigné comme la condition contemporaine de la subjectivité productive post-industrielle ; cependant la pertinence de son application critique à la performance n’a pas été examinée en profondeur. En tenant compte de la lutte des intermittents du spectacle en France pour repenser la réalité matérielle des activités intellectuelles et affectives non rémunérées qui représentent la majeure partie du travail dans les arts de la scène – toutes considérées comme faisant partie de la préparation du travailleur en vue de ses contrats – nous voulons interroger plus profondément les registres du travail immatériel que la production de spectacles en Europe implique de nos jours. Plusieurs points demandent à être problématisés : les conditions de travail et les formats de la production free-lance et auto-employée ; les résidences et les processus de travail préalables à la production de spectacles elle-même ; le récent « tournant éducatif » qui coopte la pratique du spectacle comme une forme spécifique de production de savoir en organisant le discours autour de la recherche artistique et de la méthodologie ; les stratégies d’auto-gestion comme forme de « self-management » et de collaboration au-delà de la critique institutionnelle.
Dans le nouvel esprit du capitalisme, la flexibilité, la mobilité et la créativité sur le lieu de travail ont été revendiquées comme des moyens par lesquels le travailleur gagnerait une autonomie envers le capital. Nous voulons contester cette affirmation dans le cas de l’artiste performeur en tant que travailleur : en quoi cette (relative) autonomie consiste-t-elle ? Quels sont ses potentiels émancipateurs ? Comment la re-matérialisation du travail dans les pratiques performatives affecte-elle la compréhension de la performance en tant que phénomène, en tant que concept et dans son statut de marchandise ? Quelles initiatives, projets et stratégies de travail connaissons-nous aujourd’hui dans le champ des arts de la scène, qui s’attaquent activement aux problèmes du travail immatériel ?
La rédaction de ce numéro est délibérément conçue comme un processus ouvert au public en tant que spectateur mais aussi comme participant actif. Trois sessions de travail sont prévues, durant lesquelles les rédacteurs accueilleront un/e invité/e pour débattre d’un sujet autour de quelques textes envisagés pour la publication ou pris comme références, tous impliquant des approches matérialistes contemporaines (post-marxisme, théorie biopolitique, post-opéraïsme, Hannah Arendt, etc.). Nous souhaitons élargir nos perspectives en dialogue avec toute personne désirant contribuer à la discussion. Coordonner publiquement la rédaction d’un numéro signifie ouvrir la réflexion qui sous-tend le processus de réalisation d’un journal. Les degrés de participation peuvent aller de l’écoute à la prise d’une part active dans la discussion et à la présentation de projets artistiques pertinents pour les questions liées au travail immatériel dans les arts de la scène. En tant que participant/e, vous serez peut-être amené/e à performer temporairement le rôle de co-rédacteur/trice.

ARF