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"corinne,
merci beaucoup pour votre lettre.
voici mes réponses à vos questions, à mon tour de vous livrer une partie de mon interprétation du travail.
audrey

Pourquoi étiez-vous trois ?

Nous sommes trois car le double est nécessaire à la stabilité de cette expérience (c'est la seule chose réellement importante).
Il faut toujours que le sujet du soin ait la possibilité de voir le double, qu'il soit en présence d'une polarité extérieure à lui-même alors qu'il est soigné.
Pour voir une chose, pour qu'une chose existe, il faut qu'il y ait une autre chose à côté.
Vous donner à voir cette stabilité était donc important, mais sans vous abandonner en tant que sujet, centre de nos attentions ; ce qui aurait été le cas si nous n'avions été que deux à prendre soin de vous.
anagramme et symbolique :
trois = trios = tri-os, faire le TRI des OS
le chiffre renversé = m = aime, prends soin.
M est aussi le titre d'un spectacle où nous formions déjà ce trio, et où nous pratiquions ce genre de soins.

Dans quel but faites-vous ce que vous faites ?

Les buts sont divers et ont plusieurs directions.
Un des buts est de s'engager de manière différente vis-à-vis d'une adresse spectaculaire, vis-à-vis d'un public. Croire à des choses auxquelles on ne croirait pas. Choisir là où l'on agit en tant que performeur.
Le but est de ne pas avoir de but.Le but est d'être sincère, d'aimer ce qu'on fait, d'être heureux.
Nous proposons de nous introduire dans cet espace qui est le votre. Et ce n'est possible qu'à la condition de donner la place d'une intrusion réciproque.
Pendant ce spectacle nous croyons que nos actions sont intimement liées à l'esprit de quelqu'un. Croyance et / ou postulat ? Les deux.
Nos actions n'ont pas d'autres intentions que de « prendre la responsabilité de la pensée » de notre public : patient en temps réel.
Une intrusion donc, mais sans intention (ou simplement positive), sans but ni autre désir.Le but est de prendre soin de l'esprit de quelqu'un. De partager une croyance, qui est un acte, un état de concentration, un état performatif.
Nos buts sont nos questions : est-il possible de prendre soin de l'esprit de quelqu'un uniquement au travers de la matière, du corps, du spectacle ?
Comment prendre soin aussi bien de l'esprit que du corps ?

À quoi servent toutes les questions que vous posez avant le soin par mail et avant le soin sur place ?

Nous avons fait des listes de nos propres symptômes. Nous les avons traduits sous forme de questions, ce qui a donné le questionnaire préalable au soin.
Il sert à la fois d'appui à l'imaginaire et de hors-d'oeuvre à l'expérience.
Puis nous avons vu que ces questions n'étaient pas seulement utiles au soin lui-même.
Elles servaient aussi au théâtre (de cette pratique), au cadre, à la convention de ce spectacle.
Les questions sur place ont pratiquement la même fonction. Elles sont réactualisées pour notre futur public : individu.
C'est aussi une adresse simple et directe qui permet de vous / nous mettre en confiance. Après le hors-d'oeuvre, c'est l'entrée, en scène, en matière.

Si vous réalisez votre soin en institut de beauté, qu'en attendez-vous ?

Une expérience professionnelle !
Une nouveau contexte pour une nouvelle expérience. Concrètement, est-ce que ce type de soin est viable dans un cadre professionnel du soin tel que l'institut de beauté ?

Quel message vous voulez faire passer ?

Divers mais principalement « Dieu est mort ». Ou : le message est le soin lui-même.
je ne suis pas sûre que cette question me concerne.

Pourquoi avez-vous choisi le soin esthétique comme support et /ou prétexte à votre soin à vous ?

Pour travailler la résonance.
Pour extraire l'esthétique propre que nous formons, la partager plus intimement.
Pour garder la porte ouverte.
Parce que les soins nous intéressent.
Par besoin de sortir de la salle de spectacle.
Parce que le soin esthétique est plus populaire que d'autres dispositifs de représentations ?"

ARF