Gangplank, ou l’émergence d'une communauté de dramaturgie libriste par Anne Goldenberg*


L'émergence d'une dramaturgie libriste et transdisciplinaire


Extensions du domaine du libre
Le «libre» s'est d'abord défini dans le domaine de l'informatique sous forme de licence garantissant la liberté (0) d'utiliser, (1) d'étudier, (2) de distribuer et (3) de modifier un programme logiciel. Nous parlons d'extension du domaine du libre quand cette philosophie s'applique et inspire d'autres sphères d'activités. Ainsi, l'art serait la dernière sphère touchée par le libre en tant que mouvement. Il existe différentes façons de comprendre cette idée de mouvement du libre au sein de l'art.

Le phénomène d'extension des usages de logiciels libre, ou encore la diversification des outils disponibles peuvent être une première grille de lecture. Souvent développés par et pour des usagers experts, les premiers logiciels libres touchaient l'informatique. Peu à peu, ils ont outillé les tâches d'abord proches des informaticiens, puis de plus en plus éloignées (traitement de texte, techniques documentaires, graphisme). Ce n'est que plus récemment que des programmeurs travaillant avec des artistes et que des artistes-programmeurs ont commencé à largement se doter d'outils libres.

On peut aussi regarder l'extension du domaine du libre du point de vue du statut accordé aux productions de l'esprit. Si le libre s'est d'abord établi comme paradigme de développement informatique, la philosophie du libre s'accompagne depuis ses débuts d'une réflexion sur la nature de la connaissance, de la création et des idées. Ainsi, ce ne sont plus seulement les outils mais toutes les productions de l'esprit qui sont touchées par cette proposition. À ce titre, plusieurs militants défendent l'idée que le mouvement du libre n'est pas une innovation, mais plutôt un retour aux sources, pré-existant au capitalisme qui s'applique désormais, de manière aussi vorace qu'absurde, à toutes les productions de l'esprit. La déferlante des copyrights, brevets et autres formes de privatisation vient alors enrayer, à des fins de marchandisation et de profit privé, la circulation naturelle des idées, tout en se présentant comme la nouvelle norme à suivre. Ainsi, un autre militantisme propre au libre est lié au mode d'exposition, de diffusion et de mise en accès des créations. À la suite des licences libres développées pour l'univers du logiciel (par exemple la licence  GPL-General Public Licence) sont ainsi apparues des licences plus adaptées à la diversité des créations libres (la licence Art libre, certaines licences Creatives Commons, la licence GFDL-Gnu Free Documentation Licence pour la documentation...).

Mais une troisième forme d'extension du domaine du libre est sans doute mise en marche par l'appropriation des principes du libre par les artistes. Ils performent une exploration sensible, multiforme et intimiste de l'étendue, de l'écologie, de la structuration suggérées par les principes du domaine du libre. Dès lors, outils, licences et productions, mais aussi méthodes de travail et modes d'exposition deviennent des objets politiques, épistémiques et esthétiques.

Ainsi plusieurs artistes sont critiques à l'égard d'une adoption superficielle de l'attitude libriste (comme par exemple, rendre une œuvre «publique» en la plaçant en ligne) sans être conséquent avec ce qu'implique vraiment cette philosophie:

    «Il y a tellement d'objets artistiques et médiatiques "open source" en
    ligne, et, de fait, censés être "ouverts", qui demeurent incompréhen-
    sibles et d'origine incertaine, restant ainsi hermétiques au plus grand
    nombre. La participation est la clé; il ne suffit pas de partager le résultat
    final, il faut rendre visible le processus entier»¹

Pour certains artistes libristes, le libre dépasse la question du format et renvoie à une nouvelle modalité ou à un véritable matériau de travail:

    «L'artiste travaille à modifier notre perception du monde. Il/elle appro-
    fondit la connaissances des mediums et techniques qu'il/elle a choisis,
    expérimentant et développant de nouveaux savoir-faire, une nouvelle
    vision. Qu'il s'agisse de peinture, de pierre ou de code, le processus reste
    le même [et est] indissociablement lié au monde que nous créons. »²

Pour Nancy Mauro-Flude, les outils que nous utilisons, nos méthodes de travail et d'expression configurent notre vision du monde ainsi que nos relations. Citant Loss Peqeño Glazier (1997), elle souligne que «le langage que nous respirons devient le langage par lequel nous pensons». Par ses créations, l'artiste participe ainsi de l'établissement d'un système sémantique qui oeuvre comme langage:

    «Notre capacité à créer, planifier et codifier notre environnement nous
    rend responsables de ce que nous créons et de la façon dont nous choi-
    sissons d'y vivre.»³

Plusieurs membres de Gangplank s'inscrivent fortement dans cette ligne de réflexion. Pour Aniara Rodado, danseuse, réalisatrice et chorégraphe, participant à Gangplank, l'usage de technologies propriétaires dans la création numérique limitent la créativité et homogénéisent les productions. Aniara souligne ainsi que «les interfaces simplifiées donnent une illusion d'autonomie immédiate, mais ne mènent pas à une vraie compréhension d'un système et à une recherche d'entraide, un dialogue entre techniciens et artistes». Le libre inspire des modes de création transdisciplinaires et horizontaux. Olivier Heinry, artiste multimédia, performeur et co-organisateur de la session aux Laboratoires d'Aubervilliers, remarque que «si ces procédés horizontaux sont intégrés dès le début, tout le monde sait que les possibilités d'ajustement sont collectives». Par ailleurs, certaines pratiques artistiques ont été plus rapides que d'autres à se sensibiliser au libre comme mouvement. Les pratiques qui incorporent l'usage de logiciels et de technologies furent peut-être les premières concernées par le libre, mais le fonctionnement social de chaque discipline créatrice serait aussi en cause. Selon Aniara Rodado, la danse a une tradition d'horizontalité et de co-création que n'a pas le théâtre par exemple, beaucoup plus ancré dans des hiérarchies entre metteurs en scène et comédiens, entre artistes et techniciens. Cela se répercute dans l'adoption de la philosophie du libre.

Les premiers pas de Gangplank
Le mot «Gangplank» désigne la planche mobile utilisée pour embarquer ou débarquer d'un bateau. Né en 2009 d'une volonté d'explorer les principes libristes appliqués aux arts vivants et de transgresser les habituelles frontières d'expertise, Gangplank (GK) s'est articulé autour de quatre dimensions:

1- créer un lien transdisciplinaire: le Gangplank ou la «passerelle» veut faire le pont entre les disciplines, entre les praticiens, les artistes, les techniciens, les spécialistes, les bidouilleurs, les experts et les débutants qui œuvre dans le monde des arts vivants;
2- faire naître des projets communs: cette envie s'incarne dans la constitution de projets collectifs et d'un lien durable d'échange et d'entraide. En cela, Gangplank se veut un projet de solidarité, une plate-forme inter-projets permettant aux participants de trouver un soutien dramaturgique et technique les uns auprès des autres;
3- développer des outils libres: l'un des projets central à Gangplank est le développement et la diffusion d'outils libres destinés au spectacle vivant. Les participants créent, expérimentent, partagent et documentent des outils de traitement et de manipulation de la lumière, du son et de la vidéo (dont la Matrice, développée avec puredata) qui permettent par exemple de connecter une webcam ou des contrôleurs MIDI à une Lanbox;
4- produire une documentation technique et méthodologique: cette interdisciplinarité est l'occasion d'une réflexion sur les modalités du travail en commun, sur les méthodes de collaboration et les modes de communication. Le projet s'appuie sur une volonté de documenter les analyses qu'il produit quant aux procédés artistiques interdisciplinaires afin d'en faire partager la communauté des autres acteurs du milieu.


Facilitation et dispositifs de documentation spatiale

Propositions de dispositifs de visualisation
Les ateliers qui se sont tenus du 13 au 26 juin 2011 à Aubervilliers constituaient la troisième session de rencontre du Gangplank. À cette occasion, les organisateurs ont proposé d'inviter une sociologue facilitatrice (moi-même) pour étudier le projet et intervenir sur les méthodes collaboratives.

En discussion avec Olivier Heinry, je suggérais d'utiliser les murs de la salle où nous allions travailler comme support de documentation des activités de la session. Cette documentation allait ensuite devenir l'un des médium d'exposition de Gangplank aux journées portes ouvertes des samedis 18 et 25 juin. Dans cette double perspective de documentation et d'exposition, nous nous étions donnés trois mots d'ordre - entrant cependant en tension. Il fallait que ce que nous produisions soit lisible, facile d'utilisation (en cours d'activité) et agréable à regarder. Nous avons commencé avec cinq dispositifs de visualisation:
• Un agenda mural pour la proposition et la planification collective des activités de Gangplank: l'Agenda

Agenda Gangplank
Agenda ©Gangplank

• Un mur dédié à la présentation des sessions passées: le Mur du passé
• Une carte mentale de l'évolution des concepts abordés. Cette carte mentale fut d'abord proposée comme installation en trois dimensions mais pour des raisons de manque de fluidité dans l'usage, ce projet fut abandonné au profit d'un seul grand mur dédié à l'exposition papier de la documentation des activités: le Mur de doc.

Documentation Wall Gangplank
Mur de doc. ©Gangplank

• Un petit espace dédié à la proposition d'idées réflexives concernant la session en cours: le Meta Corner

Metacorner Gangplank
Metacorner ©Gangplank

• Une carte de présentation des participant/es (présent/es et passé/es) à Gangplank et la nature des liens les unissant: le Mur des passagers

Mur des passagers ©Gangplank
Mur des Passagers ©Gangplank


Puis se sont greffé à ces propositions celles de créer:
• Un mur de choses à faire dans un temps plus ou moins proche: The Wish & To Do List

Wish & To Do list ©Gangplank
Wish & To Do List ©Gangplank

• Un Vademecum (petit guide à prendre avec soi ou embarquer sur Gangplank, voir www.booki.cc/gangplank-vademecum) sur la plate-forme en ligne booki. Le but est de guider les nouveaux usagers vers la compréhension des réalisations et réflexions de Gangplank. Ce projet s'est poursuivi lors de la session suivante de Gangplank qui a eu ieu à Essen en juillet 2011.

En plus des dispositifs physiques invitant à la visualisation des connaissances, je me suis partiellement inspirée de deux méthodologies de collaboration, à savoir la méthode du Forum Ouvert (pour l'organisation de non conférences autogérées, voir www.openspaceworld.org) et celle du Booksprint (pour l'écriture collaborative d'un livre en l'espace de cinq jours). L'analyse qui suit relate l'expérience subjective de ces deux semaines.

Les dispositifs et leurs usages
Les différents dispositifs ont été utilisés de façon inégale. L'Agenda collectif (issu de la méthode Forum Ouvert) a tout de suite facilité l'organisation des activités quoiqu'une différenciation des types de tâches, pour donner un rythme de variation aux deux semaines, aurait été sans doute plus plaisante.

Le Mur des passagers a été pris d’assaut d'un seul coup et en très peu de temps, après que quelques suggestions aient été reçues comme suffisantes pour donner envie de continuer. Ce fut un joyeux happening de négociation du sens des relations affiché par les participants.

Le Meta Corner et le mur Wish & To Do List servaient quant à eux de bloc note collectif, sur les réflexions en cours et sur les discussions qui se faisaient désirables.

Le fait d'exposer, à la vue de tous sur le Mur de documentation le compte-rendu des discussions est pratique courante au sein de la méthode du Forum Ouvert. C'est un moyen facile de garder une mémoire du contenu des discussions et de permettre à ceux/celles qui n'ont pas assisté à toutes les sessions de prendre connaissance de ce qui fut discuté. Ce fut également l'occasion de transformer nos notes en support de présentation pour les visiteurs des journées portes ouvertes. Mais dès lors que furent aussi affichées sur les murs des pages issues du wiki du projet, la dimension pérenne du numérique s'est mise à présenter des atouts majeurs. Le groupe s'est alors peu à peu orienté vers la prise de note sur ordinateur. (les affiches de notes ont été prise en photos et ajoutées au wiki). C'est un archivage un peu moins fluide, celle/celui qui prend des notes à transcrire sur le wiki perd un peu de son pouvoir d'intervenir dans le fil de la conversation et elle/il s'en fait la mémoire?: c'est une tâche à part entière.

À partir de la deuxième semaine, les participant/es ont découvert le booki, plate-forme permettant l'édition collaborative d'un manuel en ligne. Considérant l'intérêt de transmettre son savoir-faire technique, méthodologique et dramaturgique, le groupe a d'abord élaboré une table des matières puis s'est divisé en plusieurs petites équipes chargées de discuter et d'écrire des chapitres du Vademecum.


Collectif affinitaire, communauté⁴ émergente?

La place de la technicité face à l'hétérogéneisation du collectif
Ce besoin de porter à l'écrit un savoir-faire a commencé à faire écho à une prise de conscience: celle de l'hétérogénéisation du groupe, ou du moins de l'arrivée de nouvelles personnes, à qui il est nécessaire de transmettre, par exemple, les rudiments d'usage des outils développés par Gangplank.

Les plus techniciens du groupe se sont à ce titre trouvé dans une position complexe, venant  malgré eux menacer l'horizontalité des rapports?: en se plaçant en position de formateur vis-à-vis des nouveaux arrivants, celles et ceux-ci se trouvaient éventuellement associés à une posture de débutant-receveur qui les rendaient dépendant de la disponibilité des «anciens». Cette position était d'autant plus difficile à tenir que ces anciens avaient justement besoin de temps d'isolement pour faire avancer les projets logiciels de Gangplank. À ce stade, souligner la complémentarité des rapports, légitimer le savoir des «débutant/es», mettre en valeur leurs compétences artistiques, critiques, esthétiques, analytiques sur des domaines autres que purement techniques est apparu comme un enjeu de préservation de la dynamique horizontale du groupe. Écrire un glossaire sur la dramaturgie contemporaine et l'outillage des pratiques, repenser les rapports aux publics, ou travailler de pair (débutant-expert) pour s'assurer de la compréhension d'un chapitre de documentation technique furent autant de propositions pour niveller les rapports.

Communauté de pratique et communauté épistémique
La transmission de savoir-faire, notamment technique, acquise au sein de Gangplank aux nouveaux arrivant a eut un autre effet structurant: celui d'amorcer le passage d'une idendité de petit groupe homogène à celui de collectif s'orientant vers une mise en commun, commençant à se penser en terme de communauté. Ou plus exactement, œuvrant un début de glissement d'une communauté de pratique à une communauté épistémique. Cette distinction, subtile et non radicale, (les deux types de communauté se superposent souvent) est utile pour prendre la mesure du statut des connaissances et de leur transmission. Dans une étude portant sur l'évolution de la communauté Linux, Patrick Cohendet et al. (2003) établissent les éléments caractéristiques suivants:

    Une communauté de pratique rassemble des passionné/es qui cherchent à augmenter leurs compétences dans une pratiques donnée. Les représentant/es de cette communauté sont homogènes. Ils procèdent à une accumulation des connaissances autour de ces pratiques et font circuler les meilleures d'entre elles. Dans ce cas de figure, la production de connaissance est involontaire.

    Une communauté épistémique est notamment orientée vers la production de connaissance. Ses membres sont hétérogènes, ils transforment l'accumulation des savoirs pour chercher à créer une connaissance organisée et lisible par un public extérieur. La production de connaissance devient donc délibérée et les membres commencent à penser aux façons de transmettre ce qu'ils/elles savent.

Faire communauté?
Si l'on reprend (pêle-mêle), les motivations évoquées lors d'un tour d'horizon, les participant/es du Gangplank d'Aubervilliers venaient découvrir des approches collaborative low-tech, réfléchir sur l'évolution du collectif et ses méthodes de travail, réfléchir à la transdisciplinarité des arts vivants, au rôle dramaturgique de la lumière, développer de nouveaux outils, analyser les liens qui unissent arts vivants et logiciel libre, comprendre le lien entre les logiciels utilisés par Gangplank, trouver des façons de financer les arts vivants dans les Balkans, mieux comprendre les technologies libres, faire de nouvelles connexions inspirantes, sonder les dimensions politiques du libre, ouvrir un cadre de travail libriste dans le monde de la culture.

La nature des discussions émergeant à la clôture des deux semaines peut porter à penser que Gangplank est en effet en train de s'élargir, les membres deviennent un peu plus hétérogènes, le besoin se fait sentir de diffuser certaines des connaissances acquises. L'écriture du Vademecum est à ce titre l'occasion de stabiliser des savoirs et de faire avancer la documentation logicielle et  méthodologique. Ce passage vers un travail épistémique n'enlève pas pour autant la dimension profondément praticienne du projet, ses perspectives expérimentales et ses besoins de développements logiciels.

L'image publiée dans le diaporama a pour esprit d'esquisser une représentation de l'évolution du collectif. Inspirée par le projet (abandonné) de produire une représentation en trois dimensions de l'avancement des éléments constitutifs de Gangplank, j'ai tenté de me prêter à l'exercice en me concentrant sur quatre dimensions fondatrices: outillage, réflexion méthodologique, production de projets et création de liens interpersonnels.
Les éléments qui sortent de la passerelle sont ceux qui sont visibles d'un public externe. Ils ont en commun de constituer pour le groupe un effort de réflexion, mise en forme, clarification, et viennent nourrir la constitution d'une communauté de production de connaissances. Enfin, il faut comprendre que ce schéma est inachevé en ce qui concerne l'année 2011 puisqu'une prochaine session Gangplank a débuté le 18 juillet 2011, qui recompose déjà la représentation du projet.


Références:
• Cohendet, Patrick et al, 2003, «Innovation organisationnelle, communautés de pratique et communautés épistémiques: le cas de Linux», Revue française de gestion 5/2003 (n° 146), pp. 99-121. URL: www.cairn.info/revue-francaise-de-gestion-2003-5-page-99.htm
• Goldenberg, Anne, 2006, «Extensions du domaine du libre: régimes et Controverses». URL: http://cmo.uqam.ca/sites/cmo.uqam.ca/files/files/Goldenberg_acfas2006.pdf
• Mansoux, Aymeric et de Valk, Marloes, 2008, FLOSS+Art, 320 p. URL: http://people.makeart.goto10.org/
• Mauro-Flude, Nancy, «Linux for Theatre Makers: Embodiment and *nix modus operandi». URL: www.scribd.com/doc/52419877/15/Nancy-Mauro-Flude



Texte publié dans le Journal des Laboratoires sept-déc. 2011

ARF




* Anne Goldenberg est une chercheuse et facilitatrice franco-québécoise qui travaille sur les dimensions politiques de la production des connaissances.


¹ Femke Snelting/Maja Kuzmanovic, FLOSS+Art, p.27.


² Solers, FLOSS+Art, p.16.


³ Mauro-Flude, FLOSS+ Art, p.220.


⁴ La notion de communauté est employée ici au sens nord-américain de regroupement ouvert autour d'un projet commun, plutôt qu'au sens européen de repli identitaire hermétique